AU-DELA DU PORTRAIT

Texte originale:

La rivière et son secret  de Zhou Xiao-Mei

 

Mise en scène:

Hélène July

Enzo Verdet

 

Photos:

Leslie Verdet

 

Au-delà du portrait est l’adaptation de l’autobiographie de Zhou Xiao-Mei intitulée La rivière et son secret :

À Pékin en 1969 : Zhu Xiao-Mei est une « personne de mauvaise origine ». Autrement dit, avant la révolution maoïste, ses parents étaient des bourgeois cultivés. Une période où est qualifié de bourgeois celui qui possède plus que les autres même s’il ne s’agit que d’un piano. Une tare d’autant plus lourde à porter pour la jeune Xiao-Mei qu’elle a un don précoce pour cet instrument et une passion pour la musique dite “décadente” – Schumann, Mozart, Bach. En 1968 comme dix-sept millions de chinois elle est envoyée en camp de rééducation : il faut éradiquer en elle tout désir autre que celui de mourir pour Mao.

Les années passent… Xiao-Mei est devenue une bonne révolutionnaire. Mais, un jour, elle trouve dans le camp un vieil accordéon. Elle caresse les touches, se risque à jouer un accord, quelques notes de musique s’élèvent… Par enchantement le temps perdu s’efface, les rêves reviennent, l’espoir renaît. Xiao-Mei jure qu’elle rejouera du piano.

Il lui faudra encore cinq ans et la mort de Mao pour atteindre son but, fuir la Chine et partir aux États-Unis.

Aujourd’hui, Xiao-Mei est célébrée dans le monde entier comme une pianiste virtuose et une immense artiste.

Ce texte a fait l’objet d’une création au Conservatoire d’Avignon en 2015, d’une reprise à la maison Jean Vilar pendant le festival de la même année ainsi qu’une représentation au festival des nuits de l’enclave à Valréas en 2016.

Ce témoignage vient dans notre création questionner les liens entre art et politique. Comment les deux peuvent coexister, dans quelle mesure s’influencent-ils. C’est pour ainsi dire la création qui sonne le point de départ de la Compagnie A DIVINIS dans sa recherche artistique et dans les questions qu’elle souhaite aborder. Nous ne voulons pas traiter la révolution culturelle chinoise dans ce qu’elle a d’historique mais se questionner par le regard qu’en a Zhou Xiao-Mei. Comment la pression sociale et le culte de la personnalité ont pu lui faire oublier sa passion artistique et même sa famille. Comment l’art a cette période est-il devenu exclusivement un instrument à la glorification du pouvoir. Et comment quelques simples notes de musique ont pu lui inspirer un virage radical allant jusqu’à remettre en question les règles qu’elle avait tant défendues.